Washington souhaite un nouvel arraisonnement du pétrolier iranien

Les États-Unis ont qualifié lundi 19 août de "très regrettable" le refus par le territoire britannique de Gibraltar de saisir le pétrolier iranien "Adrian Darya" et ont souhaité qu'il soit à nouveau arraisonné, une éventualité qui aurait de "graves conséquences", selon Téhéran.
D'après le site de suivi du trafic maritime Marine Traffic, le pétrolier, qui était immobilisé depuis le 4 juillet près de de Gibraltar, a levé l'ancre dimanche. Il naviguait mardi matin en Méditerranée, en direction de l'est et se trouvait à une centaine de kilomètres au nord-ouest d'Oran (Algérie). Selon le site, le navire doit rejoindre le port grec de Kalamata, mais aucune confirmation officielle n'a pu être obtenue. Cité par l'agence officielle Irna, un responsable portuaire iranien, Jalil Eslami, a affirmé que le pétrolier se trouvait désormais dans les eaux internationales.
Mais il persiste un flou total sur sa destination finale et sur le sort de sa cargaison. Les autorités de Gibraltar n'ont pour leur part jamais confirmé son départ. Gibraltar avait arraisonné ce pétrolier, soupçonné de transporter du pétrole vers la Syrie, en application des sanctions européennes contre ce pays. Il a été autorisé jeudi à repartir quand Téhéran a assuré que la cargaison de 2,1 millions de barils ne serait pas livrée à la Syrie. Rebaptisé "Adrian Darya", le pétrolier est passé sous pavillon iranien, et le drapeau du pays flotte à sa poupe. Il naviguait auparavant sous pavillon panaméen et portait le nom de "Grace 1".
Les autorités de Gibraltar ont refusé dimanche la saisie demandée par Washington en application de sanctions prévues par une loi américaine. "C'est très regrettable", a réagi le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, lundi. La vente du pétrole que transporte le navire contribuera selon lui à financer les forces armées iraniennes "qui ont semé la terreur et la destruction et tué des Américains à travers le monde". Mike Pompeo a dit espérer que le pétrolier sera de nouveau arraisonné afin de ne pas alimenter la "campagne de terreur" que Washington accuse Téhéran de mener.
Accusant à nouveau Washington de mener "une guerre économique" à l'Iran, le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a qualifié lundi la demande américaine de "parodie de justice", lors d'une conférence de presse à Helsinki. Téhéran ne "peut pas être transparent concernant la destination de notre pétrole parce que les États-Unis essayent illégalement d'intimider les autres pour ne pas acheter notre pétrole", a-t-il ajouté. L'Iran a mis en garde les États-Unis en cas de nouvelle saisie du navire. "L'Iran a envoyé les avertissements nécessaires aux responsables américains par les canaux officiels (...) de ne pas faire une telle erreur parce qu'elle aurait de graves conséquences", a déclaré Abbas Moussavi, porte-parole des Affaires étrangères iraniennes.
La décision des autorités de Gibraltar de relâcher le pétrolier est un "coup porté à l'unilatéralisme des États-Unis", s'est-il encore réjoui. "Les Américains n'ont pas eu beaucoup de succès avec leurs sanctions unilatérales qui n'ont aucune base juridique. Ils devraient comprendre que l'intimidation et l'unilatéralisme ne peuvent aller nulle part dans le monde aujourd'hui", a-t-il ajouté.
L'arraisonnement du "Grace 1" avait provoqué une grave crise diplomatique entre Londres et Téhéran, qui démentait que le navire fasse route vers la Syrie. Lundi, Ebrahim Raïssi, chef de l'Autorité judiciaire iranienne, a déclaré que Téhéran devrait réclamer des dommages et intérêts à Londres. Pour l'analyste de Commerzbank, Carsten Fritsch, il ne peut y avoir "aucun autre acheteur en Méditerranée que le régime syrien sous sanctions".
Quinze jours après l'arraisonnement du "Grace 1", l'Iran a saisi un pétrolier britannique, le "Stena Impero", dans le détroit d'Ormuz. Celui-ci reste aux mains des autorités iraniennes, qui ont ensuite saisi deux autres pétroliers, aggravant la tension dans une région où plusieurs navires ont été attaqués ou endommagés par des mines et où un drone américain a été abattu par l'Iran. Lundi, le porte-parole iranien a rejeté tout lien entre la saisie du pétrolier iranien au large de Gibraltar et celle du "Stena Impero". "Il y a eu deux ou trois violations maritimes commises par ce navire", a dit Abbas Moussavi. "Le tribunal se penche sur ce cas". "Nous espérons que l'enquête sera terminée dès que possible et que le verdict sera rendu" prochainement, a-t-il ajouté. Conduit dans le port iranien de Bandar Abbas, le "Stena Impero" est accusé d'avoir ignoré des appels de détresse et d'avoir éteint son transpondeur après être entré en collision avec un bateau de pêche.

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