Coronavirus : La supply chain déploie des mesures tous azimuts

Les conteneurs s’accumulent en Corée. Les ports chinois renoncent à leurs frais de stockage. Les transporteurs maritimes déploient des mesures sanitaires. Les prix spot du GNL en Asie atteignent des niveaux records. La croisière fait l’objet du nouvelle opération de confinement. Les ports mettent en oeuvre des restrictions...

Les terminaux à conteneurs des ports sud-coréens connaissent des taux d’occupation qui tutoient les niveaux records atteints lors de la faillite d’Hanjin en 2016. La traditionnelle hausse observable à chaque Nouvel An lunaire du fait du ralentissement de l’activité des ports chinois est accentuée cette année par l’allongement des vacances décrétée par Pékin pour tenter d’enrayer la propagation du coronavirus. Faute d’avoir des employés en nombre suffisant, les intervenants portuaires chinois retardent l’arrivée des conteneurs.

Conséquence, Busan a enregistré des taux d’occupation oscillant entre 71 et 91 % sur divers terminaux le week-end dernier. Soit 10 à 15 % de plus qu’en temps normal à la fin des festivités du Nouvel An chinois. Une situation dont se plaignent les opérateurs des terminaux. Ils craignent notamment que cet encombrement allonge les opérations de manutention et occasionnent des retards. Alors que la reprise normale de l’activité en Chine n’interviendra au mieux que le 9 février, Busan et Incheon ont décidé d’ouvrir au stockage de conteneurs des zones habituellement affectées à d’autres fonctions. Les autorités portuaires de Gwanggyang indiquent que la situation est à peu près normale sur leurs quais mais, selon eux, Busan n'accepterait désormais pratiquement plus le stockage de conteneurs vides et renverrait les compagnies vers eux. Gwanggyang dispose d’un foncier pas entièrement bitumé qu'ils pourraient également affecter à cet usage. La plupart des ports chinois ont, eux, décidé de renoncer à leurs frais de stockage pour les conteneurs chargés couvrant la période du 24 janvier au 9 février.

Ajustements des capacités

En plus de se soumettre aux exigences réglementaires et autres mesures visant à empêcher la propagation du Coronavirus, les transporteurs maritimes ont déclenché des mesures dites de force majeure, sanitaires et de sécurité, et ajustent leur capacité. Compte tenu des circonstances exceptionnelles, le groupe CMA CGM a indiqué dans une note à ses clients, qu’il allouait une période « free time » additionnel pour les charges de détention et surestaries dans les ports chinois : « Pour les conteneurs qui ont déjà dépassé leur période de free-time standard, une période de free time additionnelle, qui s’étend du 31 janvier au 9 février inclus, sera allouée. Pour les conteneurs dont le free time se termine avant le 9 février, une extension sera attribuée jusqu’au 9 février inclus ». 

Bloomberg a indiqué, pour sa part que les grands importateurs chinois de gaz naturel liquéfié (GNL), dont CNOOC, Sinopec et PetroChina, envisageaient de faire des déclarations de force majeure sur les livraisons de cargaisons sous contrat, en raison de l'affaiblissement des perspectives de la demande. Les prix spot du GNL en Asie ont atteint un niveau record cette semaine.

Nouvelle opération de confinement sur un paquebot

À Yokohama, les 2 666 passagers et les 1 045 membres de son équipage du paquebot Diamond Princess sont confinés à bord pendant quatorze jours, le temps que les tests soient effectués, après qu'un ancien passager du navire ait été testé positif pour le coronavirus. World Dream, le second navire entrée en opération de la compagnie asiatique créée en 2015, Dream Cruises (filiale de Genting et du fonds d’investissement Darting Investment du groupe TPG Capital Asia), s'est vu refuser le 4 février l'accostage à Kaohsiung, à Taïwan, et ses passagers mis en quarantaine à Hong Kong car trois de ses passagers, descendus à Guangzhou, ont été signalés. Dans la foulée, les autorités sanitaires taïwanaises ont décidé d’interdire à compter du 7 février, toutes escales de croisières internationales dans l’île. Selon la Taïwan International Port Corporation pas moins de 112 paquebots transportant environ 144 000 passagers étaient attendus dans l’île d’ici la fin mars.

Pour rappel, le 30 janvier, les autorités sanitaires du port de Civitavecchia, en Italie, avaient également imposé le confinement à 6 000 croisiéristes en raison du soupçon sur un risque d’infection à coronavirus à bord du Costa Smeralda. De nombreuses croisières ont été annulées. Sur le plan financier, cette perturbation devrait avoir un effet considérable sur les compagnies de croisières, car leurs activités sont extrêmement tributaires de la demande. Les marchés financiers détestant les incertitudes, ils réagissent avec panique. Ainsi, le cours de l'action de Carnival Corp. a perdu 17 % au cours des deux dernières semaines, en raison des craintes que l'épidémie de coronavirus ne réduise les réservations et les bénéfices.

Coronavirus : Le transport maritime se met en alerte

Dans les ports, les restrictions sont également de vigueur. Singapour, la Corée du Sud, l'Australie et l'Indonésie ont tous renforcé leurs mesures de prévention pour les navires qui ont transité par la Chine. L'Autorité portuaire de Singapour refuse par exemple l'autorisation de débarquer à tout membre d'équipage muni d'un passeport de la province de Hubei, et tous les marins quittant les terminaux PSA doivent se soumettre à un contrôle de température. Les Philippines ont également interdit aux équipages des navires en provenance de Chine de débarquer.

Les garde-côtes américains ont indiqué que tout navire passagers qui s'est rendu en Chine continentale ou qui a embarqué des passagers ayant séjourné en Chine au cours des 14 derniers jours se verra refuser l'entrée aux États-Unis. Conformément à la loi fédérale, tout membre d'équipage malade ou souffrant devra être signalé aux Centers for Disease Control and Prevention avant son arrivée. En revanche, les navires marchands seront autorisés à entrer aux États-Unis et à y opérer de façon normale, pour autant qu'ils ne comptent aucun membre d'équipage malade à leur bord. 

Le 4 février, le nombre de personnes contaminées s'élèvent à plus de 20 400 en Chine et les décès à 427. La plupart des cas sont signalés à Wuhan, ville placée en quarantaine depuis plus d'une semaine. Un deuxième homme est toutefois décédé ce 4 février, en dehors de la Chine continentale, à Hongkong.

Thierry Joly, Adeline Descamps

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