Maersk : un résultat net réduit à 208 M€

Vincent Clerc, CEO of A.P. Møller - Maersk

Vincent Clerc, CEO of A.P. Møller - Maersk

Crédit photo ©A.P. Møller - Maersk
Maersk, qui vient de publier les résultats financiers de son premier trimestre, profite à plein de l'effet mer Rouge mais son début d'année tranche avec la même période il y a un an. Seules la hausse des volumes transportés et l'activité des terminaux, étonnante de performance, apportent des motifs de satisfaction.

Dans le transport maritime de conteneurs, en ce début d'année marquée la fermeture forcée de plusieurs routes maritimes stratégiques, les résultats du premier trimestre sont très attendus par les analystes et observateurs de ce marché, notamment pour estimer l’impact des tensions géopolitiques sur les profits et pertes des entreprises du secteur.

La crise de la mer Rouge, selon son appellation communément admise, et qui pourrait être celle aussi du Golfe persique si le détroit d’Ormuz devait être fermé à la navigation, est intervenue à un moment où les taux de fret des porte-conteneurs n’en finissaient plus de désescalader après avoir gravi les sept sommets.

ONE, dont l’exercice fiscal court jusqu’à la fin mars, a donné quelque espoir sur la tonalité du premier trimestre, le rebond des taux de fret ayant limité la casse de son exercice 2023, en total contrepoint à celle qui a précédé pour l’ensemble du secteur.

Maersk, qui vient de publier les résultats financiers de son premier trimestre confirme une reprise par rapport au trimestre précédent mais pas par rapport à la même période de 2023.

Un revenu moyen par conteneur en baisse de 23 %

L'ex-leader mondial de la ligne régulière, qui a cédé sciemment sa place à MSC, a enregistré un résultat net de 208 M$ durant les trois premiers mois de l'année contre 2,3 Md$ il y a un an à la même période et un bénéfice d’exploitation avant déduction des charges (Ebit) guère plus élevé, de 177 M$, une fois les 120 M$ acquittés en impôts.

Son chiffre d’affaires ne dégringole pas en proportion, ayant encaissé 12,35 Md$ (contre 14,2 Md$ il y a un an), tiré par ses volumes en hausse (+ 204 000 EVP, à 2,92 MEVP) et non par ses taux de fret. Son revenu moyen par conteneurs de 40 pieds est en effet passé de 2 871 à 2 368 $ en un an mais... a augmenté de 23 % par rapport au quatrième trimestre 2023. L’effet mer Rouge a donc opéré à plein. L’Ebitda (résultat opérationnel avant amortissement sur immobilisations) a été, lui, divisé par plus de deux, passant de 3,96 à 1,59 Md$.

Une demande mondiale en hausse de 7 à 9 %

La demande mondiale de conteneurs est estimée avoir augmenté de 7 à 9 % au cours du premier trimestre, avec une contribution positive de toutes les régions d'importation, cependant plus forte en Amérique du Nord, en Amérique latine et en Océanie. Les exportations chinoises ont notamment augmenté de 17 % en glissement annuel au cours des deux premiers mois de 2024 mais à nuancer en fonction d'un effet de base, la Chine n'ayant pas au meilleur de sa forme l'an dernier.

L’augmentation des volumes transportés par Maersk reflète cette tendance macroéconomique, ayant enregistré du mieux sur toutes les routes maritimes. Mais les revenus moyens par FFE (conteneurs de 40 pieds) n'ont pas suivi : ils sont à la baisse sur l’ensemble des axes : - 4,2 % sur les trois lignes Est-Ouest ; - 23,9 % sur le Nord-Sud ; – 30,8 % sur l’intrarégional. Ces deux routes maritimes avaient offert, ces derniers mois, un refuge aux compagnies, à la peine sur les grands marchés (Asie-Europe, transpacifique et transatlantique).

Envolée des coûts d'exploitation

Le déroutement par le cap de Bonne Espérance a en revanche fait exploser ses dépenses d'exploitation de 7 % par rapport au premier trimestre 2023 et ses coûts de soute de 16 % bien que prix du fuel soit resté stable, en moyenne à 625 $ la tonne. Le poste lié à ses achats de carburant est ainsi passé de 1,5 à près d’1,8 Md$ (+ 19 %).

Depuis janvier, le système d'échange de quotas d'émission de l'UE (ETS) a été mis en œuvre, entraînant en outre un coût supplémentaire de 44 M$.

Le groupe danois voit par ailleurs ses dépenses liées à la manutention des conteneurs renchérir. Finalement, les dépenses totales liés à son fonctionnement se sont élevées durant les trois premiers mois de l’année à un peu plus de 7 Md$ contre 6,5 Md$ il y a un an. Et c’est le bien la facture énergétique qui vient gonfler l’addition.

Dynamique sur les quais

La division Ocean reste la vache à lait du groupe bien que le groupe investisse considérablement dans la logistique à terre. L’activité de transport maritime a contribué au chiffre d’affaires du groupe à hauteur de 8 Md$ soit 72 % du total alors qu’il y a un an, cette part avait été limitée à 69 %.

L’activité logistique stagne avec un chiffre d’affaires quasi inchangé mais la marge s’est effritée (de 135 à 55 M$) « en raison d'une utilisation trop faible dans certains de nos entrepôts et des défis à court terme liés à la mise en œuvre de nouveaux contrats de clients dans le secteur du fret terrestre en Amérique du Nord », indique le rapport d’activité.

En revanche, le rebond de l’activité de manutention portuaire (via ses participations dans le néerlandais APM Terminals) est notable. Le chiffre d’affaires est passé de 876 à 999 M$ et le résultat d’exploitation a gagné plus de 100 M$ pour s’établir à 300 M$ (l’Ebitda, de 291 à 348 M$).

Le volume des terminaux a augmenté de 10 % à périmètre constant, se remettant d'un faible premier trimestre 2023. L'Amérique du Nord a été le principal moteur de cette croissance (+ 29 %), sous l'effet de la reprise sur la côte ouest des États-Unis où la consommation a bel et bien été réactivée. « Le revenu par mouvement [à périmètre constant] a augmenté de 4,7 % grâce à des augmentations de tarifs et à un mix client positif, qui ont compensé une nouvelle baisse du revenu de stockage », peut-on lire dans le rapport financier.

Dans le portefeuille de terminaux européens, la manutention a augmenté de 4,3 %, une hausse portée par Valence et Barcelone. En Afrique, les flux ont en revanche diminué de 7,4 % en raison de la cession de deux terminaux en Mauritanie et de la baisse des volumes à Onne, au Nigeria.

En Asie et au Moyen-Orient, les volumes sont en hausse de 2,8 %, grâce à Mumbai, en Inde.

Satisfecit

« Nous avons connu un début d'année positif avec un premier trimestre qui s'est déroulé exactement comme nous l'avions prévu, montrant une forte reprise des bénéfices par rapport au quatrième trimestre 2023. Les résultats ont été tirés par une bonne performance dans les terminaux et la combinaison d'une demande plus élevée avec une crise prolongée en mer Rouge », indique Vincent Clerc, PDG de Maersk, dans un communiqué.

Les données sont conformes aux projections du Danois mais les marchés ont cependant manifesté les signes d'une attente trompée : quelques heures à peine après la publication, le titre a cédé quelques pourcents en bourse (- 4,38 %).

Confiance en 2024

Le groupe, qui fête ses 120 ans cette année, estime la demande pour le commerce de conteneurs entre + 2,5 et + 4,5 % en 2024. « La demande tend vers le haut notre prévision de croissance du marché et les conditions en Mer Rouge restent bien ancrées. Cela a permis non seulement de soutenir, mais aussi d'améliorer les perspectives pour les trimestres à venir, car nous nous attendons maintenant à ce que ces conditions se maintiennent pendant la majeure partie de l'année », indique Vincent Clerc, le CEO du groupe, sans nier l'impact de l'afflux de nouveaux navires entre cette année et 2025 qui soumettra le secteur à une nouvelle pression.

La direction table désormais sur un Ebitda entre 4 et 6 Md$, contre une fourchette située entre 1 et 6 Md$ précédemment, et à un bénéfice, une fois les charges, produits d'intérêt et impôts déduits, au pis stable et au mieux en croissance de 2 %.

Adeline Descamps

 

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