Le Parlement européen met un frein aux biocarburants

Le Parlement européen s'est prononcé mercredi 11 septembre en faveur de la limitation de la production de certains biocarburants aux effets pervers de plus en plus critiqués. Après les avoir encouragés, l'UE veut désormais mettre un coup de frein aux agrocarburants, dont le développement contribue à la disparition de cultures vivrières et à la déforestation. Elle souhaite en revanche favoriser les biocarburants de nouvelle génération, fabriqués à partir d'algues ou de déchets par exemple, et qui ne concurrencent pas les cultures alimentaires.
Après plusieurs mois de rudes négociations entre les groupes politiques, le texte voté mercredi à Strasbourg demande de fixer à 6 % la part maximale des biocarburants de première génération (produits à partir de céréales ou de diverses plantes sucrières et oléagineuses notamment) dans la consommation finale d'énergie dans les transports. Le texte fixe parallèlement un objectif de 2,5 % à atteindre pour les biocarburants avancés, jugés plus vertueux. Il introduit également une notion controversée, le changement d'affectation des sols (dit facteur Casi ou Iluc) : il s'agit de la prise en compte à partir de 2020, dans le calcul des émissions de gaz à effet de serre des différents biocarburants, des conséquences de l'utilisation croissante de terres agricoles. Ce facteur Casi, dont la pertinence scientifique est contestée par certains industriels, aura pour conséquence de réduire l'avantage environnemental affiché par certains agrocarburants.
La députée libérale Corinne Lepage, rapporteur du texte, n'a en revanche pas obtenu le mandat de négociation qu'elle demandait au Parlement pour trouver un accord rapide avec les États membres sur ces nouvelles règles. Des ONG ont fait part de leur déception après un vote jugé timide et trop favorable à l'industrie. Le développement des biocarburants va "continuer de provoquer des hausses des prix des aliments, la déforestation et le changement climatique", a estimé Robbie Blake au nom de Amis de la Terre.
"Le vote d'aujourd'hui est un aveu d'échec des politiques face aux lobbies industriels", a déploré Clara Jamart, d'Oxfam France, tandis que Greenpeace dénonçait un vote "incohérent". Selon la Banque mondiale, les agrocarburants représentent entre 21 % et un tiers des surfaces acquises dans les pays en développement. Le rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter, a même invité l'Europe et les États-Unis à "avoir le courage politique de les abandonner". De son côté, le groupe français Sofiprotéol, premier producteur européen de biodiesel, s'est dit "inquiet" de la position adoptée par le Parlement européen. "Si elle était confirmée, elle menacerait l'outil industriel de Sofiprotéol qui a été redimensionné pour un taux d'incorporation à 7 %", a réagi le groupe. Il a aussi estimé que la prise en compte du facteur Casi "dès 2020 fait peser une incertitude majeure sur l'avenir de la filière de biodiesel", et dénoncé "un manque de visibilité qui dissuade d'investir et d'innover dans une filière d'avenir pourvoyeuse d'emplois dans les territoires".

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