Les vingt-trois journées de grèves des cheminots, étalées de mars à juin, "ont fortement dégradé les résultats" de la SNCF, qui a en plus supporté "les travaux consécutifs aux inondations" dans le centre et le nord de la France. Entre le manque à gagner, les remboursements et les pénalités, l'entreprise avait déjà évalué le coût des mouvements sociaux à 310 millions d'euros. SNCF Mobilités, chargé notamment de l'exploitation des trains, a payé le plus lourd tribu et n'a pu dégager l'habituel bénéfice compensant le déficit de SNCF Réseau, responsable des voies. Le groupe a par conséquent subi une perte nette de 159 millions d'euros sur six mois, malgré les économies réalisées grâce à ses "plans de performance".
"Une perte nette de 159 millions d'euros sur six mois"
Les 300 millions d'euros de "gains de productivité supplémentaires" du premier semestre n'ont pas non plus empêché la baisse de la marge opérationnelle (1,75 milliard d'euros au total), à la fois pour Mobilités et pour Réseau. Pour atteindre ses objectifs, la SNCF "accélère ses efforts de réduction de coûts" et vise un total de 750 millions d'euros cette année, contre 650 millions en 2015. En revanche, "il sera difficile d'atteindre" la cible de 2 % de croissance du chiffre d'affaires "hors opérations de périmètre", prévient le groupe.
La progression de l'activité au premier semestre (+ 2,6 % à 16 milliards d'euros) a d'ailleurs été dopée par le rachat du logisticien américain OHL fin 2015 et par la prise de contrôle exclusif d'Eurostar en mai. En dehors de ces opérations, l'activité a été affectée par "un contexte morose sur le marché domestique", lié aussi aux attentats, et par une "concurrence accrue" des transports aérien et routier, explique Laurent Trevisani, directeur général délégué du groupe. Pour "contrer cette concurrence", la SNCF compte sur sa "politique commerciale offensive" dans le ferroviaire low-cost (Ouigo, TGV Pop, Izy) et les autocars (Ouibus), ajoute-t-il.
Mais les offres tarifaires n'enrayent pas le déclin des trains Intercités et des TER, dont le trafic "continue à diminuer", sauf en Île-de-France, où la fréquentation des trains Transilien a augmenté de 7,1 % "grâce au pass à prix unique" en vigueur depuis septembre. Ce surplus de passagers rend d'autant plus nécessaire la rénovation du réseau francilien, auquel SNCF Réseau a consacré 300 millions d'euros au premier semestre, sur 1,3 milliard de dépenses de "modernisation".
L'ensemble des investissements de la SNCF atteint 4 milliards d'euros, dont plus de 2,8 milliards financés en propre, bien au-dessus de sa capacité d'autofinancement de 835 millions.