UPR : "Il faut davantage de privé dans les stratégies portuaires"

Directeur général du groupe Normandie Logistique (450 salariés), Christian Boulocher (62 ans) a pris, le 5 juillet dernier, la présidence de la puissante Union portuaire rouennaise (UPR). Dans un esprit de continuité après dix années assurées avec combativité par Philippe Dehays. Mais aussi d’ouverture tous azimuts.
Depuis plusieurs mois, une réforme de la gouvernance des ports, et en particulier de ceux de l'axe Seine est dans l’air du temps. Avez-vous des informations sur l’évolution de ce dossier ?

Je n’ai pas la moindre information et effectivement le temps passe. Avec tous nos interlocuteurs, le message préalable que nous délivrons, c’est : une réforme, pourquoi pas mais surtout pour quelle stratégie ? Il faut toujours se méfier des fausses bonnes idées. En cas de rapprochement des entités portuaires, va-t-on réellement faire baisser les coûts, ce qui semble l’un des objectifs affichés. Le plus important, c’est que les ports existent, avec leurs spécificités, leurs particularités, leur savoir-faire. Quels trafics supplémentaires pourront-ils capter ? Il faut éviter que toute modification ne devienne un frein au développement de chacun d’entre eux. Rouen est un port d’intérieur avec un hinterland à 360 °C et des capacités foncières idéales pour s’imposer comme une place logistique majeure, à proximité du bassin de consommation francilien. Ce port doit se développer appuyé sur ses trois piliers : les vracs solides, les vracs liquides et les marchandises diverses, dont les conteneurs. En termes de respect de l’environnement, il est quand même plus écologique de faire remonter des bateaux à Rouen que toute autre solution logistique.
Votre prédécesseur, dont on ne peut pas mettre en doute sa combativité au service du port de Rouen, reconnaissait toutefois volontiers le handicap d’être un port de rivière. Vous semblez préférer l’expression port intérieur…

Les mots ont un sens et port de rivières me semble réducteur. Rouen est un port maritime et fluvial. Et grâce à ses terminaux en aval de l’agglomération mais aussi à Radicatel, Honfleur, etc., ce sont les trafics maritimes qui font les tonnages. Il serait donc stupide de sacrifier Rouen au fluvial. On le sait, la grande force de Rouen, ce sont les céréales. Pourquoi ne pas capitaliser sur cette force et ne pas massifier davantage les flux plutôt que les disperser sur la façade atlantique par exemple.

Dès votre élection, vous avez mis en place des groupes de travail avec pour maître-mot l’ouverture et pour objectif de rendre les premières copies en septembre. Quels ont été les bons élèves ?

Les premières réunions se sont déroulées pendant l’été. Je ne sais pas si le terme groupe de travail est le meilleur. L’important est de travailler en équipe et en entonnoir. Lors du conseil d’administration du 18 septembre, une première sélection d’actions à mener sera opérée, avec hiérarchisation et priorités à soumettre ensuite au comité directeur. Un exemple, Catherine Cornu, présidente du pilotage de Seine qui anime le volet Cop21 et RSE, a travaillé avec Loïc Thomas, président du groupe TSM, en charge des aspects techniques et technologiques. Ils ont rencontré Frédéric Sanchez, le président de la métropole pour être force de proposition, sous forme d’avant-projet sommaire dans le projet de navette traversant la Seine à Rouen.

Comment se porte à vos yeux le port de Rouen, les points positifs et les points négatifs ?

On connaît l’importance des céréales à Rouen. Après une année de grande dépression entre 2016 et 2017, on semble s’orienter vers un bon cru. C’est d’autant plus encourageant que l’approfondissement du chenal s’achève et va autoriser l’accueil de navires plus capacitaires. Autre très bonne chose, même si on peut considérer que le Grand Port maritime de Rouen (GPMR) a communiqué sur ce sujet tardivement, c’est la baisse des droits de ports, ce qui n’est pas courant. On peut ajouter le dialogue retrouvé de l’UPR avec la métropole, le GPMR et la région. Enfin, la parution de l’appel à projets pour l’extension de la zone Rouen Vallée de Seine Logistique (RVSL) est également une bonne chose. Parmi les points négatifs, en premier lieu me viennent les incertitudes qui demeurent sur la gouvernance des ports. Les aspects stratégiques doivent être prioritaires, avec une prise en compte plus importante des attentes des entreprises privées pour les aspects marketing et commerciaux. Dans ce domaine, Haropa n’a pas donné toute satisfaction. Ce qui est sûr, c’est que nous avons beaucoup de travail à venir. La cohésion, nous l’avons. Peut-être devons-nous y ajouter plus de cohérence collective.

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