Les raffineurs européens en sur-approvisionnement

Les raffineurs européens se retrouvent en situation de surstockage en brut. La pénurie attendue en raison de l'interdiction imminente du pétrole russe par l'UE et du plafonnement des prix décidé par le G7, deux mesures qui doivent entrer en vigueur dès le 5 décembre, ne s'est pas encore matérialisée.

Les primes sur les prix à court terme par rapport au long terme – phénonème désigné sous l’expression de « structure de marché à rebours » –, indiquent généralement un resserrement de l'offre. L'écart entre les prix à terme du Brent s'est fortement réduit ces derniers jours, reflétant une meilleure offre sur le marché physique du pétrole, les craintes concernant l'embargo européen sur les importations de pétrole russe et le plafonnement des prix décidé par le G7 (tous deux à partir du 5 décembre) commencent à s’estomper, ont indiqué les traders à Reuters. 

Selon les négociants, les raffineurs se sont habitués à vivre sans le brut russe, pourtant pilier du système de raffinage européen. En conséquence, les primes pour les qualités alternatives telles que le Kazakh CPC Blend ou le WTI Midland ont toutes été mises sous pression. Les importations européennes de brut latino-américain ont atteint en moyenne 313 000 barils par jour (b/j) cette année, contre 132 000 b/j en 2021, selon les données de Refinitiv Eikon.

Depuis le début de l’année, les importations américaines de brut ont déjà totalisé 1,1 Mb/j contre 800 000 bpj pour l'ensemble de l'année dernière.

L’Irak de retour mais sévèrement concurrencée en Asie

L'Irak est par ailleurs de retour dans le jeu avec des échanges avec l'Europe qui se sont accrus de plus de 20 % au cours de la période juillet-novembre, par rapport à celle de l’an dernier. Le pays doit compenser alors que l’Asie s’est tournée vers le pétrole décoté de l'Oural. Une concurrence sévère d’autant que la demande chinoise, premier importateur mondial de brut, s’est resserrée en raison du ralentissement économique. Les craintes de récession à travers le monde pèsent sur les perspectives de demande, et donc sur les prix.

Les prix du pétrole ont encore décliné 21 novembre, à 87,03 $ le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier 2023 (- 0,67 %) et à 79,70 $ pour le West Texas Intermediate (WTI) américain (- 0,47 %). L'espoir d'un assouplissement des restrictions en Chine s’est affaibli alors qu’a été annoncé un premier décès lié au Covid depuis plusieurs mois.

Pékin (22 millions d'habitants) a comptabilisé 1 438 cas, selon l’AFP, contraignant les autorités à ordonner la fermeture d'écoles et de restaurants, tandis que les employés sont appelés à travailler de chez eux. À l'échelle du pays, le nombre total de cas quotidiens, cas importés inclus, dépasse désormais les 28 000, la province du Guangdong (sud) et la ville de Chongqing (sud-ouest) étant les plus touchées, selon les autorités sanitaires.

Les marges de raffinage grignotées l’an prochain

Personne n’est en manque de brut mais Fitch Ratings promet des jours moins heureux aux raffineurs américains, qui bénéficient jusqu’à présent de marges de raffinage exceptionnellement élevées. La baisse des marges de craquage en 2023 devraient se matérialiser par une perte de 40 % de l'Ebitda médian du secteur, indique l’agence de notation internationale. 

« Une croissance économique mondiale plus faible que prévu l'année prochaine et des stocks nettement plus élevés en raison d'autres facteurs liés au marché des produits pétroliers constituent les principaux risques de baisse de nos prévisions d'Ebitda. Les notes des raffineurs américains resteront stables malgré une rentabilité plus faible que prévu, en l'absence d'acquisitions importantes financées par la dette ou d'activités qui dépassent les politiques financières des entreprises », explique Fitch.

Les projections tiennent compte des ajustements du mix de production des raffineurs, de l'augmentation des exportations chinoises, des ajouts de capacités de raffinage mondiales et d'une croissance économique mondiale plus faible.

« Tous les risques ne vont pas dans le sens d'une réduction des marges. Par exemple, l'interdiction européenne des importations de produits pétroliers russes prévue pour le 5 février 2023 pourrait faire augmenter les marges de raffineries au niveau mondial si les sanctions sur les affrètements maritimes, les taux de fret élevés ou d'autres problèmes logistiques empêchent les approvisionnements russes de trouver d'autres marchés », ajoute Fitch.

Adeline Descamps

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