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Après l’ouverture progressive du marché à la concurrence et trois années de crise économique, la situation du fret ferroviaire apparaît comme préoccupante et contrastée selon les pays. À l’échelle de l’Union à vingt-sept, sa part de marché s’établit à 10 % en tonnes-kilomètres loin derrière la route (46 %) et le transport maritime intra-communautaire (37 %), mais devant la voie d’eau (3 %) et l’aérien. Sur les seuls modes terrestres, le routier s’accapare 77,5 % des trafics de marchandises contre 16,5 % pour le rail qui a perdu 1,6 point au cours des cinq dernières années. «Les volumes transportés par route entre 2004 et 2010 sont environ cinq fois plus importants que ceux du ferroviaire», constate Eurogroup.
«Le rail a perdu 1,6 point de parts de marché depuis 2004 en Europe»
Dans le commerce extérieur de l’Europe, importations et exportations confondues, le fer intervient à hauteur 3,5 % en tonnage et à 1,3 % en valeur. Cette photographie globale cache toutefois des disparités importantes selon les pays. Trois se présentent comme des champions avec des parts de marché ferroviaires supérieures à 30 % grâce à des politiques publiques actives : Suisse (39 %), Suède (37 %) et Autriche (36 %). À côté de ces leaders, on distingue un second groupe d’États membres où le fret ferroviaire assure autour de 20 % des trafics. À l’intérieur, les pays d’Europe de l’Est et centrale enregistrent une baisse continue depuis six ans tandis que la Finlande est stable à hauteur de 24 %. À l’inverse, l’Allemagne affiche une croissance régulière et la part du rail y est désormais supérieure à 21 %.
France en queue de peloton
Cet état des lieux dressé par Eurogroup identifie une troisième catégorie où la part du rail dans le transport de marchandises est inférieure ou égale à 15 %. Parmi eux, le fret ferroviaire se développe dans trois pays : Belgique (15 %), Grande-Bretagne (13 %) et Pays-Bas (5 %). Plus préoccupante est la situation au sud de l’Europe où le fer décroche. Avec l’Espagne (3,4 %) et l’Italie (9 %), la France malgré ses 15 % de trafics ferroviaires figure dans ce groupe. Un autre enseignement de l’étude est l’intensité variable de la concurrence selon les marchés. «Certains comme la Suède, la Roumanie et les Pays-Bas ont des trafics fortement captés par les nouveaux entrants. L’Allemagne, la Suisse et l’Autriche, qui affichent une part modale du ferroviaire importante, restent pour autant des marchés dominés par l’opérateur historique tout en faisant partie des pays ayant le plus fort degré de libéralisation du secteur». Utile, elle dresse enfin une cartographie des entreprises ferroviaires dans seize pays d’Europe transportant plus de 5.000 t-km par an.