Le transport conteneurisé face au dérèglement mondial

La "bulle" de la conteneurisation issue de la forte poussée de la demande de transport mondiale qui a accompagné la crise sanitaire s'assortit d'un "dérèglement" complet du système. Point de vue livré par l'Isemar…
Alors que Thanksgiving vient de s'achever et que les fêtes de Noël approchent (deux événements révélateurs de pics de consommation), les taux de fret dans la ligne maritime conteneurisée connaissent enfin un léger tassement. En témoignent les récentes courbes respectives du China Containerized Freight Index (CCFI), illustrant l'évolution des contrats négociés entre les transporteurs maritimes et leurs principaux clients, et celle du Shanghai Containerized Freight Index (SFCI), reflétant les taux de fret spots.

Pour Paul Tourret, le directeur de l'Isemar, qui s'exprimait à Marseille devant les membres du B'Lading Club sur la flambée mondiale des taux de fret accompagnant la pandémie depuis 2020, cette dernière s'accompagne d'une" bulle financière" pour les transporteurs maritimes.

Le shipping traverse en effet pour la première fois une situation atypique. Dans la conteneurisation, les taux de fret n'ont jamais été aussi hauts. Le prix d'un conteneur de 40 pieds a été multiplié en moyenne par dix en un an et le prix d'un 20 pieds est passé pendant la période de 1.000 dollars à 7.000 dollars.

L'expert rappelle que la reprise de la demande est survenue dès 2020 dans le cadre d'un phénomène singulier. N'ayant pas pu s'offrir pendant quelques mois de dépenses dans des voyages (croisières, des spectacles ou des parcs d'attraction, les consommateurs se sont repliés sur l'achat de biens industriels.

Le moteur du "chèque Biden"

Une tendance qui s'est accélérée cette année avec notamment l'attribution en mars 2021 du "chèque Biden" aux Américains (1.400 dollars par personne). Cette prime s'est traduite rapidement par une hausse du volume conteneurisé Asie-États-Unis. Celui-ci a progressé au cours des trois premiers trimestres de 26 % pendant qu'il a augmenté de 10 % vers l'Europe.

La congestion portuaire et la pénurie de conteneurs dont souffre le secteur depuis quelques mois sont autant de facteurs ayant également maintenu le niveau élevé des taux de fret.
Pour le directeur de l'institut nantais, les infrastructures portuaires californiennes sont incapables d'absorber la hausse de trafic.

À ses yeux, le fait que les conteneurs soient dépotés une fois parvenus aux "gates" des terminaux américains et que les marchandises soient chargées sur des remorques de 53 pieds pour être évacuées par voie ferroviaire ne contribue pas à la fluidité du trafic aux États-Unis.
Dans certains ports américains et d'autres dans le monde à ce jour, les porte-conteneurs des sept principaux opérateurs membres des trois grandes alliances (Ocean Alliance, 2M et The Alliance) enregistrent des jours de retard déréglant les transit-times annoncés.

12 % de la flotte mondiale engluée dans la congestion

L'expert évalue à 12 % de la flotte mondiale le nombre de navires englués par la congestion portuaire. Pointant du doigt la "bordélisation du système", Paul Tourret, explique l'évolution du marché de ces dernières années. Après avoir souligné le phénomène de surcapacité observé dès septembre 2008 avec la faillite de Lehman Brothers, il rappelle : "Les taux de fret avaient été élevés en 2012. Les transporteurs maritimes mondiaux ont par la suite baissé les prix de manière à pouvoir s'offrir des parts de marché".

Aujourd'hui, la question est de savoir combien de temps durera la "bulle financière" dont bénéficient les transporteurs maritimes dans la ligne régulière. "Investissent-ils massivement dans la flotte et, pour certains, dans des activités connexes ou profitent-ils seulement d'avoir "les poches pleines" pour se consacrer plus facilement à leur développement ?", s'interroge-t-il.
Le directeur de l'Isemar se demande à son tour si la hausse des prix va entraîner une relocalisation industrielle en Europe et si certains distributeurs vont se tourner davantage vers l'Égypte, la Tunisie et le Maroc…

Phénomène lié à la flambée des taux de fret, la dynamisation du marché de l'affrètement. Pour le directeur de l'Isemar, "la courbe des taux d'affrètement suit légitimement celle des taux de fret".

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