"La priorité n’est pas de lancer le pharaonique projet Lyon-Turin, pour améliorer la situation dans vingt ou trente ans, peut-être, mais d'utiliser les capacités de la ligne existante (la voie ferrée qui emprunte le tunnel du Mont-Cenis en Savoie, NDLR) dès à présent, pour soulager les vallées et cols alpins du trafic des poids lourds et de leurs nuisances", a fait valoir l'association Inspire. "Qu’est-ce que la Région et l’État attendent pour transférer une partie du transport de marchandises de la route vers le rail dès 2017 ?", s'indigne l'association qui dénonce la sous-exploitation de l'Autoroute ferroviaire alpine (AFA), qui propose depuis 2003 un service de navettes pour les camions sur cette ligne de chemin de fer. La Coordination des opposants au projet Lyon-Turin réclame aussi des actions immédiates : "78 % de camions en moins entre la France et l'Italie, c'est possible maintenant" avec les infrastructures et les matériels roulants existants, selon elle.
"78 % de camions en moins entre la France et l'Italie, c'est possible maintenant"
Éric Fournier, président de la communauté de communes de la vallée de Chamonix-Mont-Blanc, exposée à un très important trafic de camions vers l'Italie passant par l'autre grand tunnel transalpin, a pour sa part exprimé son "soulagement" devant la confirmation du projet, le report modal (vers le rail) étant "un élément indispensable pour préserver le milieu alpin et la santé de nos populations". C'est "encourageant", estimait-il à la veille de la venue à Chamonix du ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, accompagné de ses collègues des Transports, Élisabeth Borne, et de la Santé, Agnès Buzyn, pour parler de la pollution dans la vallée.
"Plus que rassurés, nous sommes enthousiastes de voir que l'intérêt écologique et économique du Lyon-Turin est reconnu", a déclaré le président du Comité pour la Transalpine, Jacques Gounon, par ailleurs PDG du groupe Eurotunnel. "Le report modal ne peut passer que par des infrastructures modernes", a ajouté Jacques Gounon en marge d'une assemblée générale du comité, en présence de l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et de Günther Ettl, conseiller du coordonnateur du corridor méditerranéen à la Commission européenne.
En juillet, la ministre chargée des Transports avait affirmé que le Lyon-Turin était concerné par la "pause" dans les constructions de nouvelles infrastructures annoncée par le président, Emmanuel Macron, relevant toutefois la "spécificité" de ce projet financé à 40 % par l'UE, à 35 % par l'Italie et à 25 % par la France.