Après Nantes en 2014, c'est à Marseille (pour la seconde fois) que se sont tenues cette année les Assises de l’économie de la mer. L'événement annuel, organisé par "Le Marin" et le groupe Ouest France, en partenariat avec le Cluster maritime français (CMF), se déroulait quelques jours seulement après la tenue à Boulogne-sur-Mer du Comité interministériel de la mer (Cimer). Cette réunion au cours de laquelle avaient été présentées les onze mesures à mettre en œuvre par l’État a fait lancer en préambule à Frédéric Moncany de Saint-Aignan, le président du CMF : "Trop de mots et pas assez d'actions !" Comme le faisait son prédécesseur, Francis Vallat, il a souhaité remettre le projecteur sur les points les plus attendus par les acteurs maritimes français. Des dossiers parmi lesquels figurent la compétitivité des ports maritimes et des opérateurs (dont l'urgence de l'autoliquidation de la TVA à l'import), les financements et les investissements, la formation maritime nationale, le guichet unique, le projet de loi Bonny, une meilleure articulation entre les investissements publics et privés dans les ports, le short sea shipping, la pérennisation de la SNSM...
"Le président du CMF reproche à l'État «Trop de mots, pas assez d'actions"
Pour sa part, Gildas Maire, le président d'Armateurs de France, estime que le "pavillon français est le meilleur sur la liste du Mémorandum de Paris". Mais il estime qu'il faut réduire la vitesse des navires et diminuer l'âge de la flotte pour améliorer les émissions à effet de serre. Il prêche pour de nouvelles mesures permettant de relancer le pavillon français sur le modèle de la loi quirataire. Quant aux dépenses d'investissements (Capex), il regrette que les banques se soient retirées du maritime.
En matière d'emploi, "nous avons besoin de marins bien formés", espère-t-il. A propos de la loi de 1992 sur les navires garantissant la sécurité des approvisionnements, "on garde espoir pour GNL et GPL", a-t-il soupiré.
Cimer 2015 : "le socle des orientations stratégiques"
Pour cette onzième édition des Assises de l’économie de la mer, Alain Vidalies, le secrétaire d’État aux Transports, à la Mer et à la Pêche, en l'absence de Ségolène Royal, la ministre du Développement durable, a été cette année le seul représentant du gouvernement à intervenir. Treize jours après la tenue du Comité interministériel de la mer 2015, qu'il a défini comme le "socle des orientations stratégiques du gouvernement", il a souligné que "les conseils maritimes de façade" seront consultés dans les prochaines semaines et que le décret du 27 octobre permettra de disposer d'un cadre modernisé pour le Conseil national de la mer et des littoraux.
"Le développement d’un système logistique compétitif et durable intégrant la chaîne logistique de bout en bout doit permettre de renforcer l’attractivité des ports auprès des chargeurs et des armateurs", a déclaré le secrétaire d’État.
Il a salué "la croissance retrouvée du trafic de conteneurs des ports français, et en particulier de Marseille, à un rythme supérieur à la moyenne européenne depuis 2011" et souhaité qu'elle soit confortée.
Pour lui, "la desserte terrestre des ports par les modes massifiés en est une condition incontournable" en raison du gigantisme des navires et de la croissance du nombre de conteneurs traités à l'import comme à l'export.
Il rappelle que, pour accompagner les projets stratégiques des Grands Ports maritimes, un effort financier est prévu. Et de détailler : "au titre des contrats de plan État-Région (CPER) 2015-2020, les ports représentent un total d’opérations de 1,152 milliard d'euros dont 230 millions d'euros de la part de l’État". Au plan européen, il ajoute que la France a déposé 23 projets portuaires et fluviaux avec pas moins de 53 millions d'euros de subventions accordés à la France au titre de la modernisation de ses grands ports. Et de préciser les 82 millions d'euros accordés au port de Calais pour 2015.
Alain Vidalies a souligné que le Cimer permet de répondre à la nécessité d'alléger les coûts des opérateurs fluviaux, l’extension de l’auto-liquidation de la TVA et l’organisation d’une fiscalisation progressive des biens transférés par l’État... Il a également annoncé l'entrée en application prochaine de simplifications administratives telles que celles relatives au guichet unique du RIF, et celles qui assureront la transposition de la proposition de loi du député Arnaud Leroy.
Si le secrétaire d’État est amplement revenu sur toutes les mesures présentées lors du Cimer 2015, certains lui ont reproché de ne pas s'exprimer cette année à Marseille sur le dossier de la SNCM.