Loin de s’améliorer, la perception des chargeurs vis-à-vis du fret ferroviaire se dégrade en France. Les grèves du printemps 2016 y sont pour beaucoup comme en témoigne aussi le trafic en baisse d’environ 5 %. Seuls 36 % jugent son organisation "compréhensible et lisible", selon Eurogroup Consulting ; les clients du mode dénonçant sa "rigidité" et son "manque d’information". D’une voix, ils appellent à "davantage de flexibilité sur la gestion des sillons, une meilleure planification des travaux et un meilleur accès à l’information".
"Les chargeurs critiquent le manque de lisibilité de l’offre ferroviaire"
Au final, 44 % estiment que "l’offre ne répond pas à leurs besoins", et la grande majorité note que le mode "n’a pas pris le virage numérique". Parmi les services innovants attendus, "le suivi en temps réel des wagons, la géolocalisation, la traçabilité des envois et des interfaces de commande rapides" arrivent en tête. Comme en 2015, les priorités exprimées concernent "l’accès et la qualité des infrastructures, les coûts et le respect des délais".
Transfert modal inversé ?
Côté prix, 35 % "seraient prêts à réviser leur stratégie ferroviaire en cas d’augmentation même inférieure à 2 %", relève Eurogroup Consulting. Cette inflation est d’ailleurs crainte puisque seuls 21 % prévoient une augmentation des trafics ferroviaires d’ici deux à trois ans. Et en cas de report modal, les trois quarts choisiraient en premier le combiné si ses incitations financières sont confirmées. Les raisons qui justifieraient un transfert en faveur du rail sont "la hausse du prix de l’énergie" suivie d’une "pénurie du transport routier". Ce qui ne semble pas envisageable puisque la route apparaît, aux yeux des chargeurs, comme le mode ayant le plus fort potentiel de croissance ces prochaines années devant le combiné rail-route et fleuve-route.
Le shortsea gagne des points
Le baromètre d’Eurogroup dresse chaque année un état des lieux de la répartition modale privilégiée par les chargeurs. En 2016, le shortsea se distingue en ralliant de nombreux suffrages positifs. Lorsqu’il est utilisé, son niveau de satisfaction est proche de 65 %, égal à celui du combiné rail-route et de la voie d’eau derrière… la route dont le taux de satisfaction est proche de 100 % !