SNCF : des perturbations pour le fret ferroviaire

À défaut de le bloquer complètement, la grève des cheminots perturbe fortement le fret ferroviaire en France, au grand dam des professions qui en dépendent, notamment les céréaliers et le BTP.
La grève par épisodes, deux jours sur cinq, lancée début avril par les syndicats de la SNCF touche bien sûr les conducteurs des trains de marchandises du groupe public, mais aussi les aiguilleurs, ce qui affecte fortement le trafic de ses concurrents. Un quart des aiguilleurs étaient en grève lundi 23 et mardi 24 avril, selon la direction. "Parfois, une seule personne peut bloquer tout un trafic", déplore Jean-Yves Lhomme, le directeur des affaires publiques de Deutsche Bahn en France. Des trains d'Euro Cargo Rail - la filiale fret de la compagnie allemande, qui a environ 15 % de parts de marché en France - ont ainsi été bloqués à la frontière espagnole, raconte-t-il, car "un aiguilleur était en grève à Hendaye". "On arrive à faire circuler un peu plus de 60 % de nos trains", relève-t-il, sachant que de nombreux clients ont préféré annuler leurs convois - surtout dans l'automobile.
Du côté de Fret SNCF, qui a près de 60 % du marché, la difficulté supplémentaire est d'organiser des trains avec des conducteurs non-grévistes et d'assurer le relais desdits conducteurs quand les convois sont arrêtés en cours de route. Le nombre de conducteurs de train de marchandises grévistes ayant beaucoup baissé, passant de 70 % au début du conflit à environ à 33 % lundi et 39 % mardi, la situation s'est améliorée et 25 à 30 % des trains ont roulé pendant les derniers jours du conflit (contre 15 % début avril). Si l'on ajoute ceux qui circulé pendant les trois jours de reprise du trafic entre deux épisodes de grève, Fret SNCF a pu faire passer la moitié environ de ses trains, calcule son porte-parole, Philippe Moritz.

Ciment à l'arrêt

Ouvert à la concurrence en 2006, le fret ferroviaire ne représente plus que 10 % du transport intérieur de marchandises en France, loin derrière les camions. Il reste néanmoins très utilisé pour acheminer des automobiles, du bois, des céréales, des déchets, des granulats, des produits chimiques, des matières dangereuses, des métaux...
"Il n'y a aucun secteur qui est réellement épargné" par la grève des cheminots, déplore Christian Rose, directeur des relations adhérents et institutionnels pour l'Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF). "Les chargeurs qui arrivent à trouver des camions n'en trouvent pas suffisamment pour répondre à 100 % de leurs besoins", indique-t-il, ajoutant que, "grosso modo, les trafics qui ne sont pas faits en ferroviaire peuvent être faits par le routier à hauteur de 50 %". "En gros, il y a de 25 à 30 % des flux qui restent à quai", résume Christian Rose. "On commence à avoir quelques arrêts de lignes de production, dans le secteur du ciment notamment", constate-t-il, tandis que des ruptures de stocks sont à attendre dès cette semaine pour les granulats et les matériaux de construction. "D'autres secteurs me disent pouvoir tenir encore quinze jours, trois semaines. Après cela, il y aura des arrêts d'usines, ou en tous cas des arrêts de lignes de production".
La grève était attendue et de nombreuses entreprises avaient pris leurs précautions. C'est surtout la longueur annoncée des perturbations qui inquiète. Les céréaliers, en particulier, sont fort préoccupés. Ils doivent d'urgence faire de la place dans leurs silos avant la prochaine récolte, et commencent à s'alarmer des surcoûts. "Depuis le début du mois d'avril, nous n'avons pu réaliser que deux trains sur cinq", témoigne l'entreprise de négoce Soufflet. "Nous ne pouvons pas compenser les trains annulés par un transport fluvial en péniche ou par camion, en raison des profonds dysfonctionnements des écluses sur l'axe Seine-amont et de la saturation du transport routier", ajoute-t-elle.
Pour faire face à la pagaille provoquée par les arrêts de travail des aiguilleurs, SNCF Réseau a annoncé mardi 24 avril la mise sur pied d'un "guichet unique" composé de spécialistes mobilisés 24 heures sur 24. Il aura pour mission d'"utiliser au maximum les capacités disponibles" pour trouver des créneaux de circulation et écouler les flux autant que possible.

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