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"Les actionnaires de la compagnie viennent de confirmer leurs contributions pour abonder la trésorerie à la hauteur des besoins exprimés", a indiqué vendredi 25 octobre la direction de la SNCM. "La SNCM peut continuer à remplir toutes ses obligations et confirme à tous ses clients que son activité ne sera en rien perturbée", précise la direction de la compagnie. Selon une source proche du dossier, la SNCM a obtenu vendredi l'engagement de Transdev, filiale de Veolia, de verser 17 millions d'euros sur les 30 millions nécessaires au titre d'avance de trésorerie. L'État, qui a déjà effectué un versement de 10 millions d'euros s'apprête à en verser à nouveau 10 millions, a précisé cette source. Outre Transdev, qui en détient 66 %, le capital de la SNCM est détenu par l'État (25 %) et les salariés (9 %).
"Le temps est venu de passer des paroles aux actes"
La compagnie qui a perdu 14 millions en 2012 est de surcroît sous la menace d'une condamnation de la Commission européenne, qui exige de la France qu'elle recouvre 220 millions d'aides jugées illégales versées entre 2007 et 2013.
Jeudi 24 octobre, le PDG de Veolia a donné son feu vert pour abonder la trésorerie de la compagnie maritime. "En qualité d'actionnaire de Transdev, je puis vous dire toute ma détermination pour donner les moyens nécessaires à la poursuite pérenne du service public maritime confié à la SNCM", a écrit le PDG de Veolia, Antoine Frérot, dans un courrier transmis à Eugène Caselli, le président de la Communauté urbaine de Marseille. "La trésorerie de la SNCM sera donc assurée jusqu'en janvier et les discussions sur le projet industriel vont pouvoir reprendre dans un climat plus apaisé", s'est félicité Eugène Caselli.
Une solution très rapide
Dans son courrier, Antoine Frérot estime "que le temps est largement venu de passer des paroles aux actes pour lever l'épée de Damoclès que les exigences européennes font peser sur les conditions du sauvetage de la SNCM". "Transdev et ses actionnaires travaillent, avec les services de l'État, à une solution très rapide, visant à écarter la menace des amendes bruxelloises. Ainsi Transdev, avec le soutien de Veolia Environnement, sera en capacité d'apporter un confort de trésorerie à la SNCM dès lors que l'État, l'autre actionnaire de la SNCM, donnera son accord et son soutien à cette solution", souligne le PDG de Veolia.
Numéro un mondial de l'eau et des déchets, Veolia, entré à reculons dans la SNCM lors de la privatisation de la compagnie en 2006, est indirectement actionnaire de la SNCM via Transdev. L'État contrôle directement 25 %. Mais Veolia doit, en principe d'ici fin octobre, devenir seul maître à bord de la SNCM, en prenant en compte propre cette participation des deux tiers - une échéance qui devrait cependant être difficile à tenir. L'État et Veolia avaient validé en juin un plan prévoyant la suppression de plus de 500 postes sur quelque 2.600 personnes.
La CFE-CGC SNCM a jugé "regrettable qu'il ait fallu que le gouvernement réalise enfin le degré d'hostilité récurrent des actionnaires majoritaires à la filiale SNCM, pour que cette décision tombe". "L'implication des ministres et celle du plus haut niveau de l'État a été nécessaire tout au long de la semaine dernière, vis-à-vis de ceux qui programmaient la défaillance" de la compagnie, indique le syndicat. "Les semaines qui viennent doivent être mises à profit pour lancer le projet industriel de la SNCM" , écrit la CFE-CGC, qui estime que ce projet permettrait de sauvegarder 1.500 emplois.