Marchés des céréales : la forte concurrence alimente une baisse des prix

Port de Rouen

La baisse significative du blé russe, aux alentours de 224 dollars la tonne, lui a fait gagner des parts de marché. Une concurrence difficile à tenir pour le blé français. Le FOB (hors frais de transport) Rouen s'élève quant à lui à 230 dollars la tonne.

Crédit photo Paul de la Monneraye
À cinq mois des récoltes dans l'hémisphère Nord, la compétition acharnée à laquelle se livrent les exportateurs conforte la tendance à la baisse des prix des céréales, sans favoriser pour autant une forte reprise de la demande.

Le 7 février, les cours étaient à nouveau orientés à la baisse sur le marché européen, avec un blé sous les 210 € la tonne et un maïs sous les 180 la tonne, au plus bas depuis deux ans et demi. Sur le marché américain, le maïs est descendu en séance à son plus bas depuis décembre 2020, à 4,335 $ le boisseau (25,4 kg).

"Le maître mot actuel des marchés, c'est une grosse compétition sur la scène internationale qui s'annonce sur la seconde partie de campagne [avant les moissons de l'été, NDLR] et qui limite tout potentiel de hausse des prix", estime Arthur Portier, consultant senior chez Agritel-Groupe Argus Media France.

Cette concurrence est d'autant plus rude qu'il reste de gros volumes à exporter, notamment en Europe et dans le bassin de la mer Noire.

En Russie, encore beaucoup de blé à écouler

En Russie, premier exportateur mondial de blé, "il restait encore en ferme 22 Mt de blé en décembre, alors que l'on était à 13 millions il y a 2 ans. (...) Dans ce contexte-là, c'est à celui qui sera le moins cher", relève Arthur Portier.

Le blé français, qui était redevenu relativement compétitif en début d'année, accuse le coup, indique-t-il : "Le blé russe a baissé de manière significative pour regagner des parts de marché et est actuellement aux alentours de 224 $ la tonne, quand le blé FOB (hors frais de transport) Rouen est à 230 $ la tonne."

Aux États-Unis, le bilan hebdomadaire des ventes du blé à l'exportation n'est "pas brillant" non plus, face à la féroce concurrence européenne, russe et aussi ukrainienne, selon Jack Scoville, de Price Futures Group.

Retour spectaculaire de l'Ukraine sur l'échiquier agricole

L'Ukraine a en effet opéré un spectaculaire retour sur l'échiquier agricole mondial, avec des exportations via les ports de la région d'Odessa de 4,8 Mt (tous grains confondus) en décembre, et de 4,3 Mt en janvier, souligne l'analyste d'Agritel. Cela porte le total des exportations agricoles ukrainiennes (avec le transport fluvial, le rail et les routes) à plus de 6 Mt en janvier, contre moins de 4 Mt en septembre.

Marchés américains calmes

Aux États-Unis, en dépit de bonnes ventes de maïs la semaine dernière, et d'un nouveau contrat pour 155 000 t au Mexique le 5 février, les cours restent orientés à la baisse, note Jack Scoville.

Les marchés sont calmes, dans l'attente de trois importants rapports sur les prévisions de production et exportations aux États-Unis, au Canada et au Brésil, explique Nick Paumen, de la coopérative CHS.

Il s'attend à une augmentation des stocks américains de soja et à une production argentine en hausse. Les difficiles conditions climatiques au Brésil, qui ont retardé la récolte de soja et dans la foulée les semis de maïs pour la Safrinha – seconde et principale récolte – pourraient conduire à une révision à la baisse de la production brésilienne, tant pour le maïs que pour le soja.

Pour l'heure, souligne Alan Brugler, de Brugler Marketing and Management, les prix du soja brésilien "sont inférieurs aux prix américains", alors que l'oléagineux est tombé le 5 février à un plus bas depuis début novembre 2021 à la Bourse de Chicago.

 

En outre, les États-Unis – dont les clients pour le soja sont en Asie – sont pénalisés par les restrictions massives de navigation sur le canal de Panama à cause du faible tirant d'eau.

"Le droit de passage est mis aux enchères et bien souvent les navires chargés de grains ne peuvent soutenir la compétition face aux pétroliers et gaziers, relate Alan Brugler. Conséquence : une grande partie des navires partent de l'ouest, en Oregon ou dans l'État de Washington, et on leur envoie les cargaisons en train jusque là-bas", explique-t-il, ce qui rallonge la durée de transport.

À l'approche du Nouvel an chinois (samedi 10 février), qui marque un ralentissement des achats, et alors que le cheptel de porcs chinois a été réduit, il est peu probable de voir un rebond important de la demande en Asie.

 

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